Des droits de l'homme pour les singes ? L’Espagne dit oui
29 juin 2008,
Rue89
S’ils partagent près de 99% de notre patrimoine génétique, les grands singes ne devraient-ils pas être eux aussi protégés légalement contre la torture et l’enfermement? Vilipendée depuis des lustres par les défenseurs des animaux pour ses sanglantes corridas de taureaux, l’Espagne vient de décider de répondre par l’affirmative, devenant ainsi le premier pays du monde à leur reconnaître des droits.
La commission environnementale multipartite de la Chambre des députés a décidé mercredi d’adhérer au Projet Grand Singe (GAP). Elle appelle à ce que l’on protège les chimpanzés, bonobos, gorilles et orang-outan car ils font partie d’une "communauté d’égaux" incluant les êtres humains. Dans sa déclaration de principes, GAP demande qu'on leur reconnaisse le droit à la vie, que leur liberté individuelle soit protégée et que l'on interdise qu'ils soient victimes de torture.
Selon les résolutions adoptées cette semaine par la commission, le gouvernement Zapatero a désormais quatre mois pour déclarer officiellement son soutien au projet ainsi que pour commencer à le promouvoir auprès des autres pays de l’Union européenne. Il dispose d’autre part d’un an pour adapter la législation nationale afin d’interdire les expériences sur les grands singes "si celles-ci produisent des souffrances et ne leur bénéficient pas", ainsi que leur utilisation à des fins commerciales ou dans n’importe quel type de spectacle.
Selon les médias espagnols, l’Espagne n’utilise de toute façon pas ces hominidés pour ses expérimentations scientifiques. Le gouvernement devra en outre "entreprendre les actions nécessaires" au niveau international pour protéger les grands singes des mauvais traitements, de la torture et de l’extinction.
Elodie Cuzin
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